jeudi 30 avril 2020

anniversaire • création de « pelléas et mélisande », opéra de claude debussy




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Claude Debussy, Pelléas et Mélisande, opera in 5 acts

Act I 00:00:08 - Scène 1 - 'Une forêt' [A forest] 00:12:32 - Scène 2 - 'Un appartement dans le château [A room in the castle] 00:21:32 - Scène 3 - 'Devant le château [Before the castle]

Act II 00:28:09 - Scène 1 - 'Une fontaine dans le parc' [A well in the park] 00:38:00 - Scène 2 - 'Un appartement dans le château [A room in the castle] 00:51:04 - Scène 3 - 'Devant une grotte [Before a cave]

 Act III 00:55:51 - Scène 1 - 'Une des tours du château' [One of the towers of the castle] 01:09:36 - Scène 2 - 'Les souterrains du château' [The vaults of the castle] 01:13:26 - Scène 3 - 'Une terasse au sortir des souterrains' [A terrace at the entrance of the vaults] 01:18:01 - Scène 4 - 'Devant le château [Before the castle]

Act IV 01:27:37 - Scène 1 - 'Un appartement dans le château [A room in the castle] 01:30:24 - Scène 2 - (The same) 01:46:23 - Scène 3 - 'Une fontaine dans le parc' [A well in the park] 01:50:17 - Scène 4 - (The same)

Act V 02:03:35 - 'Une chambre dans le château [A room in the castle]


Maria Ewing (Mélisande),
Francois Le Roux (Pelléas),
José van Dam (Golaud),
Jean-Philippe Courtis (Arkel; Un Berger),
Christa Ludwig (Geneviève),
Patrizia Pace (Yniold),
Rudolf Mazzola (Le Médecin)
Orchestra: Wiener Philharmoniker
Conductor: Claudio Abbado

Claude Debussy, Pelléas et Mélisande

Arkel, Roi d'Allemonde : Jens Larsen
Geneviève, mère de Pelléas et Golaud : Nadine Weissmann
Pelléas : Dominik Köninger
Golaud : Günter Papendell
Mélisande : Nadja Mchantaf
Yniold, le jeune fils de Golaud issu d'un premier mariage : Solistes du Tölzer Knabenchores Orchestre du Komische Oper Berlin
Direction musicale : Jordan de Souza

En streaming sur OperaVision à partir du 8 avril 2020 à 19h00 CET et disponible pendant 3 mois : https://operavision.eu/fr/coming-soon...



Autres anniversaires…

vu à travers le tube • marionnettes au bout de la ficelle…


Ceux qui croient encore à une forme de liberté un peu retrouvée à partir du 11 mai se fourrent le doigt dans l’œil ou/et ailleurs. Nous sommes désormais sous surveillance permanente et le moindre faux-pas aux lois absurdes et illégales du Roi de France nous vaudra de retourner en prison pour un bon bout de temps. Remettre en marche les transports en communs et les écoles et ne pas rouvrir les salles de cinéma, de théâtre, de concerts, d’opéra, les bistrots, les restaurants, les hôtels et tous les lieux de vie sociale, est une grave erreur dont nous ne nous remettrons pas. Corne à Virus est une aubaine pour le pouvoir qui peut museler l’opposition à sa guise et se servir de chaque français comme un pion que l’on déplace et que l’on jette. La question est santé ou liberté ? Comme l’a dit un médecin suisse, Corne à Virus est une simple grippe et la France en fait une catastrophe mondiale où le citoyen n’a pas le droit à la parole. Pourtant, c’est bien le citoyen qui est concerné. C’est donc à lui de décider en connaissance de la réelle réalité, de ses causes et de ses effets. Les médecins officiels et officieux se chamaillent et s’invectivent entre eux. Les élus (rires) du peuple en sont au même point. Personne ne sait. Et c’est faux de dire que le confinement – ou prison bientôt à vie – est la solution. Corne à Virus fait ce qu’il veut. Il est libre. Pourquoi pas nous ? Sommes-nous si bêtes et si idiots pour ne pas comprendre cette chose ? Ceux qui veulent bien ouvrir les yeux – s’ils en ont la capacité – ne peuvent pas ne pas voir le vrai danger : la manipulation. Nous sommes manipulés par le Roi qui fait de nous tout ce qu’il veut. C’est l’éternel histoire du marionnettiste et de ses pantins pendus au bout d’une ficelle et qui n’existent que par le bon vouloir de leur manipulateur.  

mercredi 29 avril 2020

au-dessus des foules obscures • wilhelm furtwängler, chef d’orchestre – ludwig van beethoven, symphonie n°9 en ré mineur (bayreuth 1951)




La revanche de Furtwängler sur l’Histoire, en ce début des années 50, c’était Salzbourg. A tort ou à raison, aux années noires de la montée du nazisme, il avait estimé que sa place était dans son pays : et non point seulement pour aider les musiciens juifs à demeurer des hommes. Tout simplement, plus simplement, pour faire en sorte que les musiciens demeurent des musiciens, et que la musique demeure l’espérance des hommes. Telle avait été, pour cet homme chargé d’honneurs qu’il ne sollicitait pas, et qu’il porta avec une dignité amère, sa clandestinité. La musique en ces temps, on l’a dit, c’était la contrebande de la liberté.

Mais Bayreuth, ce fut l’apothéose et, mieux encore que l’apothéose, tout simplement : l’accomplissement. Là, avant la guerre, il avait dirigé un Ring et un Parsifal inoubliables. Là, pendant la guerre, avec ce peu d’artistes de qualité qui lui restait disponibles, et dans des conditions précaires, il avait donné cet ultime Meistersinger des festivals que le disque a miraculeusement ressuscité. Comme on avait pu penser que Furtwängler ne serait jamais débâillonné, on avait pu croire que Bayreuth ne se relèverait jamais de la guerre et de ses ruines, de l’avant-guerre et de ses fautes. Pourtant tous deux retrouvaient la parole : et pour ouvrir l’ère du Nouveau Bayreuth, certes c’est Karajan et Knappertsbusch (avec Wieland Wagner maître d’œuvre de visions nouvelles) qui dirigeaient les opéras. Mais l’acte solennel, l’accomplissement sublime, c’est Furtwängler qui l’assuma : comme Wagner, en 1876, avant d’inaugurer son Palais des Festivals, qui serait voué à sa seule musique, avait sollicité l’auguste parrainage de Beethoven, dirigeant lui-même la IXe Symphonie au Théâtre de la Margravine, ainsi, la veille du grand jour (et trois quarts de siècle tout juste après Wagner), Furtwängler bénissait Bayreuth renaissant en dirigeant la IXe Symphonie. De l’œuvre immense, il a donné des lectures plus incandescentes et plus furieusement sublimées. Mais aucune fois la circonstance n’avait été si vénérablement solennelle. Le disque était là. Ce qu’il a fixé c’est un instant mystique de l’Histoire de l’Occident. (André Tubeuf)

Ludwig van Beethoven, Symphonie n°9 en rémineur, op125, avec Chœurs
1. Allegro ma non troppo, un poco maestoso
2. Molto vivace
3. Adagio molto e cantabile, Andante moderato, Adagio
4. Adagio, Allegro molto e vivace

Elisabeth Schwarzkopf, soprano
Elisabeth Höngen, contralto
Hans Hopf, ténor
Otto Edelmann, basse

Chœurs et Orchestre du Festival de Bayreuth
Direction, Wilhelm Furtwängler

Enregistré au Festspielhaus de Bayreuth le 29 juillet 1951

Wilhelm Furtwängler, né le janvier 1886 à Berlin et mort le novembre 1954 à Baden-Baden, est un chef d'orchestre et compositeur allemand

Il fut l'un des plus importants chefs d'orchestre de l'histoire de la musique classique occidentale, notamment grâce à ses interprétations de la musique symphonique allemande et autrichienne qui font encore référence pour les musicologues et les interprètes actuels.

anniversaire • le chef d’orchestre britannique, thomas beecham, aurait 141 ans aujourd’hui




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RIMSKY-KORSAKOV: Scheherazade op. 35
I. The Sea and Sinbad's ship 10:04
II. The story of Kalender Prince 12:02
III. The Young Prince and the young Princess 10:42
IV. Festival at Baghdad - The Sea 13:00

Steven Staryk (violin)
Sir Thomas Beecham (conductor)
Royal Philharmonic Orchestra

Kirsten Flagstad sings Isolde's 'Mild Und Leise' from Wagner's opera 'Tristan und Isolde'.

Thomas Beecham conducting the Royal Philharmonic Orchestra

Recorded: 1952 at BBC’s Maida Vale studios, Studio



Autres anniversaires…

vu à travers le tube • naïfs… naïfs… naïfs…


Encore des milliers de français devant leur télé – ou ailleurs – pour écouter le godillot du Roi de France qui n’a rien dit. On n’en sait pas plus. Le 11 mai n’est plus la date fatidique. On sort de prison ou pas. Les enfants retournent à l’école ou pas. On circule ou pas. On met un masque ou pas. On se fait dépister ou pas. Par contre il est sûr qu’on ne va pas au cinéma, ni au théâtre, ni au concert, ni à l’opéra, ni à la plage. La politique du flou et de l’incompétence est à son comble et la révolution n’a toujours pas éclatée et l’invention de la démocratie est toujours repoussée. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik – qui doit être abonné à mon blog et qui doit lire mon Facebook – a bien expliqué qu’après cette mise à mort de la société voulue par le Roi de France, un sauveur - un Messie – va sans doute se présenter aux français pour leur dire qu’il est celui qui va leur rendre leur liberté et inventer la démocratie. Et massivement à l’unanimité moins ma voix, le petit génie va être élu et va s’empresser de réorganiser le pays en se donnant les pleins pouvoirs. Nous avons connu ça dans le passé. Ils sont si nombreux que je ne peux tous les citer. Mais certains – les plus âgés – se souviennent probablement d’un certain Adolphe H. . Il y en a plein sur cette terre. Il y a aussi pleins de naïfs, des montagnes de naïfs, des océans de naïfs…  

mardi 28 avril 2020

cinéma • brunot dumont, l’humanité (1999)




L’Humanité, film de Bruno Dumont
avec Emmanuel Schotte, Séverine Caneele, Philippe Tullier
France 1999



Voici l’histoire d’un homme simple, jeune, qui sait peu et espère en chacun de nous. Inspecteur de police Pharaon Dewynter. L’histoire de sa vie naïve. Un homme strict et humble qui reprend sur lui le mal d’autrui et qui, sans fin souffre de cette sympathie … Son travail, une enquête sordide, découvre lentement son désespoir et l’effroi de sa propre culpabilité, une culpabilité universelle, celle de notre monstrueuse nature. Voici son sacrifice.
« Dumont revient obstinément à cette question aussi naïve qu’essentielle : Qui sommes-nous, nous autres, les humains ? Bruno Dumont frappe fort en ce sens qu’il ne laisse pas l’interrogation sans réponse, le mystère inentamé, ni l’enquête policière inachevée. Il y a un coupable et puisque chaque homme est à la fois un individu unique et le représentant de l’humanité tout entière, sa culpabilité nous concerne. Mais peut-être fallait-il en passer par le pire, – ignominie, monstruosité, inconscience, – pour que se réveille le meilleur : lucidité, douceur, compassion. Et pour que Bruno Dumont, radical et captivant cinéaste des corps, devienne un émouvant métaphysicien. » (Louis Guichard, Télérama)






Bruno Dumont, né le mars 1958 à Bailleul (Nord), est un réalisateur et scénariste français. En 1993, il signe son premier court métrage, Paris (Paris), puis l'année suivante, il écrit pour la télévision quatre volets de la série documentaire Arthur et les fusées, ainsi qu'un scénario de court métrage, Marie et Freddy. Ces deux personnages deviennent les héros de son premier long métrage, La Vie de Jésus, qui reçoit le Prix Jean-Vigo en 1997. L'Humanité reçoit les deux prix d'interprétation et le grand prix du jury à Cannes en 1999. Twentynine Palms est sélectionné au festival de Venise en 2003. Flandres reçoit le grand prix du jury au festival de Cannes 2006.

anniversaire • le chef d’orchestre britanique, jeffrey tate, aurait 77 ans aujourd’hui




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Jeffrey Tate - „Close Up: Tate's Geheimnis" - 12/12 - „Nimrod" from „Enigma Variations"

Wolfgang Amadeus Mozart - Piano Concerto No. 9 in E-flat major, K. 271 "Jeune home" 0:32 I. Allegro 11:03
II. Andantino 22:27
III. Rondeau, Presto

Mitsuko Uchida - soloist
Jeffrey Tate - conductor
Mozarteum Orchestra Salzburg

Haydn, Symphony No 104, Jeffrey Tate


Autres anniversaires…

vu à travers le tube • le moustique-tigre est arrivé…


Pour six français sur dix, le Roi de France n’est pas à la hauteur de la situation pour accompagner la sortie des millions de gens qu’il a mis en prison. Le Roi de France n’a jamais été à la hauteur des situations quelles qu’elles soient. Rien de nouveau sous le soleil. Quant aux quatre français sur dix qui font confiance au monarque dictateur, je leur souhaite de se faire décrasser leurs yeux et leurs oreilles entièrement confinés dans la crasse du dénie habituel, avant de tomber de si haut qu’ils ne pourront jamais s’en remettre.

Le Roi de France refuse d’encadrer le prix des masques d’utilité publique semble-t-il. Pourquoi cette nouvelle discrimination envers les plus démunis ? Les masques ne devraient-ils pas être gratuits selon la logique de la situation sanitaire que nous connaissons actuellement ?

Le moustique-tigre est arrivé. 57 départements sont placés en vigilance rouge, 10 en vigilance orange, et le reste en vigilance jaune. Sur la carte de France aucune trace de zone verte. Attention au retour en prison en raison de la dangerosité de ce petit animal et au re-retour en cage pour la deuxième vague de Corne à Virus. Et ce qui est vraiment curieux, c’est que le Roi en personne n’est atteint par aucun des deux et continu ses déplacements pervers sur tout le territoire pour encore mieux narguer ses administrés.

lundi 27 avril 2020

au-dessus des foules obscures • ginette neveu, violoniste – claude debussy, sonate en sol mineur (1948)




D’abord les femmes fatales du cinéma muet ont supplanté les cantatrices. Ensuite les rois du sport sont venus. Le XXe siècle s’est inventé de nouvelles stars et n’a pas craint de les nommer idoles. Quant un avion s’écrasa dans les Açores en octobre 1949, le monde entier reçut, stupéfait, le choc de la mort de Marcel Cerdan, le boxeur tendre qui avait touché le cœur des foules. Dans la même catastrophe se perdait Ginette Neveu, trente ans. Elle n’était que violoniste, elle. Qui donc dans le monde entier, sait ce que sait, une violoniste ? Quand Jacques Thibaud, au soir d’une glorieuse carrière, disparu dans les Alpes, pas davantage il ne fit la « une ». Ni tout l’ensemble Ars Rediviva, quelque part au Portugal. Dans l’indifférence du monde, l’instrument le plus ailé a payé son tribut aux Ailes. Tant pis pour lui. Sa sonorité sublime s’allégeant, s’extasiant, l’invite à poursuivre le destin d’Icare. Comme lui, il se retrouve au sol, fracassé.

Au fait : le violon de Ginette Neveu, on ne l’a jamais retrouvé. La boite était intacte, mais vide. En ce temps-là, dans les petits cafés de la côte, un violoneux, un peu illuminé, se mit à jouer d’un instrument aux sonorités magiques. Les compagnies d’assurances dépêchèrent leurs limiers. Quand ils furent à pied d’œuvre le violon s’était tu. Disparu. Peut-être remonté au ciel ?

Ginette Neveu mourut ! Une violoniste devin légende. Mais son violon, on l’oubliait. Ses disques ne furent presque pas réédités. Né au lendemain de sa mort, le microsillon n’a pas voulu de son Concerto de Brahms ! Justice commence seulement à être rendue. Avec son violon d’ange et son visage de condottière, Ginette Neveu était plus que femme : flamme. Elle avait brûlé les étapes, enfant, des débuts à sept ans, le Prix Wienawski à onze. La guerre l’immobilisa. En 1948, pour ses débuts américains, elle électrisait Carnegie Hall. C’était une douce revanche pour l’enfant prodige, dont la guerre avait fait une débutante attardée. Enfin elle ouvrait ses ailes. On les lui a cassées. Qu’on nous rende au moins, enfin, trente ans après, tout ce que le disque nous a gardé de son chant souverain ! (André Tubeuf)

Claude Debussy, Sonate pour violon et piano en sol mineur
I.Allegro vivo
II. Intermède: Fantasque et legér
III. finale: Très animé

Ginette Neveu, violon
Jean Neveu, piano

Recorded Mar 18, 1948 Abbey road Studios, London

Ginette Neveu est une violoniste française, née le 11 août 1919 au 52 boulevard de Magenta à Paris 10ᵉ arr. et morte dans un accident aérien le 28 octobre 1949 dans l'île de São Miguel aux Açores.

anniversaire • création de « musique pour les feux d’artifice royaux » de georg friedrich haendel, il y a 271 ans aujourd’hui




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Georg Friedrich Handel: Water Music, Music for the Royal Fireworks

[00:00] Variant in F Major

[04:02] Suite No. 1 in F major

[29:52] 12 - Variant in F Major

[33:18] Suite No. 3 in G major

[43:30] Suite No.2 in D major

[53:18] Music for the Royal Fireworks

 

"English Baroque Soloists", conductor John Eliot Gardiner

 

 

 
G.F. Händel, Water Music, HWV 348-350
- Overture: Largo-Allegro
- Adagio e staccato
- Allegro / Andante / Allegro da capo
- Allegro
- Air
- Minuet
- Bourrée
- Hornpipe
- Allegro moderato
- Allegro –
 Alla hornpipe
 Minuet
- Rigaudon 1 / Rigaudon 2 / Rigaudon 1
- Lentement
- Bourrée
- Minuet 1 / Minuet 2
- Gigue 1 / Gigue 2 da capo
- Minuet

Akademie für alte Musik Berlin
Georg Kallweit, viool/leiding

10 januari 2016, Het Concertgebouw Amsterdam


Autres anniversaires…

in memoriam • cahiers du cinéma . luis bunuel, los olvidados (1950)




CAHIERS DU CINEMA
N°7, décembre 1951

Lo Duca, Jacques Doniol-Valcroze, André Bazin, rédacteurs en chef



PAR DELA LA VICTIME

LOS OLVIDADOS (PITIE POUR EUX), film de Luis Bunuel
Ultramar Films, 1950

Critique de Jacques Doniol-Valcroze



Dans les chemins que nul n’avait foulés, risque tes pas. Dans les pensées que nul n’avait pensées, risque ta tête. (Lanza del Vasto)

Dans ce même numéro, Pierre Kast analyse longuement l’œuvre de Bunuel et détermine la place qu’y occupe Los Olvidados. Nous ne reviendrons donc pas ici sur l’ensemble de cette œuvre pas plus que le portrait de son auteur dont, plus haut, Jean Grémillon, Eli Lotar, Pierre Prévert, Jean Castagnier et L. Vinès ont tenté de faire apparaître le vrai visage. Il est difficile pourtant d’isoler des autres ce film, tant, du Chien Andalou aux Olvidados en passant par l’Âge d’Or et Terre sans pain (et peut-être les autres films mexicains de Bunuel que nous ignorons), court une même ligne inflexible et aveuglante, une sorte de long muscle à vif qui soustend l’itinéraire le plus irréductible, le plus non-compromis de toute l’histoire du cinéma.

Il est difficile par ailleurs de parler du film lui-même. Il est courant en effet lorsque se rallument les lumières, une fois un très beau film terminé, que l’on soit capable de prononcer le moindre mot : on est comme l’on dit familièrement « sous le coup ». Il faut parfois quelques heures pour retrouver ses esprits. Los Olvidados multiplient indéfiniment ce genre d’impression : plusieurs jours après la projection on a encore envie de se taire, on se demande ce que l’on pourrait dire qui mériterait d’être dit. Ce long cri perçant qu’est Los Olvidados appelle un long silence où se propagent ses nombreux prolongements. On ne peut traiter ce film comme un autre. Pas question d’en faire ce que l’on nomme « la critique » et sa forme même de cri, sa force de percussion interne découragent l’apologétique. Les images, les mots, les phrases que sa vision suggère postulent beaucoup de talent dans leur énoncé. Je me récuse sagement et me contenterai d’énoncer quelques évidences.


L’écran a consommé beaucoup d’enfants. Le charmant et presque authentique, « Kid » de Chaplin, a hélas encore enfanté Shirley Temple et l’atroce Margaret O’Brien. En 1945 les « chouchas » italiens, lancés par De Sica, redonnent à cette vogue la qualité d’un témoignage. Et au bout du chemin il y a le bambin assez poignant de Voleurs de bicyclettes. Mais voici soudain Pedro le « Jaïbo » et « Petit œil » et on oublie tous les autres. S’il fallait leur trouver une ascendance, il n’y aurait guerre que la petite bande de Dead End et des Anges aux figures sales, mais cette ascendance serait une dégénérescence avant la lettre. Ces « anges » étaient « spectaculaires » au sens cinématographique du terme, ils relevaient en fin de compte des laboratoires de l’écran. Tandis qu’il n’y a pas de recettes pour fabriquer Pedro et Petit œil.


Kast parle plus haut du calvaire de Figueroa condamné par Bunuel à ne faire que des photos grises. Il n’y a pas en effet un plan du film qui puisse constituer une image esthétiquement belle en soi. Mais de la suite de tous les plans, de leur superposition nait une des plus belles images du cinéma, la plus belle en tout cas qu’ait jamais signé Figueroa. Elle s’articule autour de quelques images clés : le grouin de l’enfant-taureau du début, la colombe promenée sur le dos de la malade, toutes les terrifiantes apparitions du coq, l’image du rêve où Pedro saisit le quartier de viande, le lait coulant sur les cuisses de la petite fille, l’approche hallucinante du « chien galeux » et l’image finale du cadavre de Pedro roulant dans les ordures.

Y a-t-il en dehors de L’âge d’Or et de Monsieur Verdoux, pareille tentative de démystification totale ? Bunuel fait pièce de tous les poncifs de l’écran et même de celui de la violence qui parait dominer le film. Mais le sang noir dont il irrigue son œuvre n’a rien à voir avec l’utilisation habituelle de la violence dans le film. Il a fait en sorte que nous ne pouvons jamais retomber sur nos pieds : ces enfants dépouille un cul de jatte mais celui-ci paie pour ses frères à pattes incapables de nourrir ces enfants ; ces enfants lapident un aveugle, lui crèvent son tambour, l’aveuglant presque une seconde fois, mais cet aveugle est un vieux salaud qui bat « Petit œil » et pelotes les petites filles, quand meurt le « Kaïbo », il rigole, il jouit littéralement d’aise et dit en bavant de plaisir : « Un de moins ».


Cela ne fait plaisir à personne de constater qu’un aveugle peut être un sale vieillard vicieux, qu’une mère peut être indigne au point de se réjouir de faire envoyer son fils dans un pénitencier-ferme-modèle, mais cela est et il faut beaucoup de courage pour le dire autre part que dans les « chiens écrasés » des quotidiens du soir et du matin. Bunuel joue d’ailleurs franc-jeu. Il nous montre une ferme modèle de rééducation et nous la montre telle qu’elle est : un modèle, parfaite, un directeur sympathique, intelligent et pas du tout « sublime ». Il ne nie pas la bonne volonté, le désintéressement, l’effort de ceux qui cherchent à améliorer le sort de l’enfant ou de l’adolescent. Mais il montre aussi que le problème dépasse l’existence des fermes modèles : Pedro n’y songe qu’à rosser ses camarades, massacre des poules ne pouvant massacrer des camarades et quand le directeur lui fait confiance il prend la clé des champs… involontairement peut-être, mais dans cet « involontairement » réside le fond du problème. C’est involontairement sans doute aussi que l’aveugle est un vieux salaud. S’il avait des yeux, des rentes, une épouse exemplaire et des bambins idem et une Chevrolet « fluid-drive », il en serait peut-être autrement. Et encore ce n’est pas sûr. Ce qui est plus sûr c’est la responsabilité des épouses exemplaires et des Chevrolets « fluid-drive » dans l’existence des vieux aveugles salauds. Bref ce ne sont pas les individus qui sont en cause, mais les systèmes. Bunuel a compris d’une part qu’aborder leur examen c’était en même temps aller au centre de son lyrisme personnel (c’était une fois de plus parler d’amour et de non-amour) et, d’autre part, il a compris qu’on ne pouvait tenter cet examen en restant à l’intérieur des postulats critiques généraux admis… même par ceux qui se moquent des règles morales, religieuses ou autres mais qui… enfin, tout de même, soyez raisonnable messieurs… tiennent compte de cette notion élémentaire intitulée le respect humain. Bunuel dit : je regrette mais ça n’existe pas non plus le respect humain. Si vous voulez aborder le problème il faut avoir tous les courages, il faut écarteler les impératifs rassurants, violenter les associations d’idées les plus consacrées, il ne faut pas reculer devant les liaisons comme : « mère-indignité » ou « aveugle-saloperie » ou « drapeau-ignominie » ou « cadavre d’enfant-tas d’ordures ». Si vous reculez, vous vous condamnez à rester en deça du problème. La notion de « sacré » est hélas une vue de l’esprit. Et l’esprit ne postule légitimement le « sacré » que lorsqu’il postule la notion de liberté. 




Bunuel, tranquillement, calmement, sans pose, préoccupé de faire du bon travail pour pas cher (il a tourné Olvidados en quatre semaines pour très peu d’argent) applique effectivement ce que nous énonçons gratuitement de notre fauteuil. Sans contorsion, sans posture, il crève le plafond, franchit les barrières du respect humain et compagnie et parle sur un terrain où se croisent tous les vents. Chacun de ses mots tombant de cette rose noire, à la fois pure et puante, des alcyons, tombe vrais poètes de l’écran, il est aussi – avec Chaplin et Eisenstein – le seul « moraliste » qui ne fasse pas sourire. C’est pourquoi aussi une fois franchies toutes les barricades, bravées toutes les messes grises ou pourpres, l’œuvre de Bunuel est une des rares dont la corrosive révolte permette au bout du labyrinthe de repenser – ou plutôt de penser pour la première fois – à ces bouleversantes balançoires : la bonté, l’amour, la joie de vivre et d’entrevoir par delà les brouillards de l’avenir les mystérieuses apparences en forme d’armures de l’intégrité et de la fraternité.

Bien sûr, il faut maintenant s’excuser de cette exaltation car les revues de cinéma, après tout, peuvent tomber entre toutes les mains. Mais la pudeur est une vertu aussi mineure que l’exhibitionnisme. Alors tant pis, de toute façon c’est toujours la caravane qui aboie et les chiens qui regardent passer, assis étonnés sur leur brave derrière de braves chiens. (Etonnés de ce contre-sens de gendarmerie : Los Olvidados = Pitié pour eux… mais non, où avions-nous la tête de brave chien : il s’agit des spectateurs). N’exprimons donc que notre reconnaissance et répétons ce que disaient à Chaplin en 1927 les signataires de « Hands of love » : « La terre à vos pieds s’enfonce. Merci à vous par delà de la victime.

J D-V