Au beau milieu de la mélasse
de la vie, des mensonges plébiscités des Rois et Reines des mondes illusoires,
de l’ignorance bien calculée des peuples de la terre, hier soir, j’ai vu la lumière.
J’ai entendu la lumière. Zapper les écrans télés a souvent du bon et parfois de
l’émerveillement. Les harmonies verdiennes ont soudainement surgi de l’écran et
m’ont scotché sur mon vieux canapé. Je connais sur le bout des doigts le « Requiem »
de Verdi - je l’ai joué à l’âge de 14 ans - et pourtant, hier soir, j’ai
découvert une autre manière de propager et propulser les notes des accords, des
mélodies et des timbres chers à Giuseppe et à son imagination théâtrale
débordante de passions et de profondeurs dans les tréfonds de l’inconscient
collectif. J’ai vu la passion sur le visage des musiciens. J’ai vu la passion
sur le visage des choristes. J’ai vu la passion sur le visage des solistes. J’ai
vu la passion sur le visage, dans les mains et dans les frémissements du corps
tout entier de Teodor Currentzis auquel aucune note, aucune nuance,
aucune intention magique, n’ont échappées. C’était beau. C’était magistral. C’était
envoutant. Et quand s’est éteint dans le pianissimo l’accord final, j’ai
entendu le silence assourdissant que Verdi désirait et n’a pas écrit sur la partition.
De longues minutes de rien - les plus importantes de l’œuvre - se sont écoulées
avant que Teodor ne sorte - dans le silence total - sur la pointe des pieds,
suivi des musiciens, choristes et solistes. Puis, longtemps après - la salle s’est
levée est chacun est rentré chez lui pour dormir et revivre dans son rêve ce
moment unique. Ha ! Si l’on pouvait reproduire ce miracle après l’accord
final de Tristan, le monde alors connaîtrait la volupté et sans doute, en
serait transformé.
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