dimanche 21 juin 2020

non- existence • le chèvre de monsieur seguin




Dans notre tête se déroule un film sans début ni fin, qui passe du noir et blanc à la couleur et le plus souvent du blanc au noir, un film qui propulse des images sans lien que les exigences de notre non-société veulent à tous prix relier par le non-lien qui impose la non-relation qui régente nos vies tragiques parce que non-existantes puisque inventées - il semblerait - par l’excitation de notre pensée-électricité. Seule notre pensée semble exister et nous montrer le chemin dévolu à ses idées ce qui ne peut prouver que le chemin est le bon, nous qui sommes attachés au pilier semblable à celui auquel était attachée la chèvre de monsieur Seguin. C’est notre affiliation, c’est notre génitrice, c’est notre époque, c’est notre situation géographique, c’est notre milieu social, c’est le savoir de notre pondeuse et de son aide de camp, c’est notre position et notre confort dans la sphère molle comme un ballon dégonflé, ventre de la femme, centre de formation, lieu de définition, qui fait de nous, dès notre éjection brutale, ce que nous ne sommes pas. Nous avons été fabriqués. Et vivre c’est uniquement et impérativement se dé-fabriquer pour se préparer à la mort. Ce court passage ne sera qu’une non-vie si personne ne nous confie que notre chemin doit passer par Freud et non pas par les Dieux imaginaires où les idées des philosophes ou les injonctions des politiques. L’analyse de notre pensée  - et de ses conséquences - est essentielle pour comprendre, essentielle pour se dé-construire pour se construire, essentielle pour se lier avec l’autre qui n’est qu’une partie de nous-même, la partie essentielle le plus souvent, la partie cachée qui garde les secrets que le monde imaginaire qui nous entoure ne pourrait supporter.

Si vous avez chez vous un miroir, n’hésitez pas à le consulter et à lui poser chaque jour la question fatidique : « Miroir, ô mon miroir, suis-je ? Suis-je ton reflet ou le mien que tu provoques ? Et si je suis, pourquoi suis-je là et ici. Moi, est-ce être lui et moi ? Moi, suis-je deux comme tout ce qui se meut dans Twin Peaks, ce code psychanalytique ? Miroir parle-moi… où parle à lui ! » C’est ce long silence qui va permettre, après un temps si long qu’il semblera ne pas venir, la révélation. La révélation du je suis. La révélation de la pensée unique qui se multipliera et embrassera le monde comme tout être à la possibilité de la faire.

Notre non-vie dans ce non-monde, cache à tout jamais la réalité des vraies valeurs, la réalité du vrai bonheur. Nous ne sommes pas prêts parce que nous ignorons l’utile et vénérons l’inutile.   

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