Dans notre tête se déroule un film sans début ni fin, qui passe du noir et
blanc à la couleur et le plus souvent du blanc au noir, un film qui propulse
des images sans lien que les exigences de notre non-société veulent à tous prix
relier par le non-lien qui impose la non-relation qui régente nos vies
tragiques parce que non-existantes puisque inventées - il semblerait - par l’excitation
de notre pensée-électricité. Seule notre pensée semble exister et nous montrer le
chemin dévolu à ses idées ce qui ne peut prouver que le chemin est le bon, nous
qui sommes attachés au pilier semblable à celui auquel était attachée la chèvre
de monsieur Seguin. C’est notre affiliation, c’est notre génitrice, c’est notre
époque, c’est notre situation géographique, c’est notre milieu social, c’est le
savoir de notre pondeuse et de son aide de camp, c’est notre position et notre
confort dans la sphère molle comme un ballon dégonflé, ventre de la femme,
centre de formation, lieu de définition, qui fait de nous, dès notre éjection
brutale, ce que nous ne sommes pas. Nous avons été fabriqués. Et vivre c’est uniquement et impérativement se dé-fabriquer pour se préparer à la mort. Ce court passage ne sera
qu’une non-vie si personne ne nous confie que notre chemin doit passer par
Freud et non pas par les Dieux imaginaires où les idées des philosophes ou les
injonctions des politiques. L’analyse de notre pensée - et de ses conséquences -
est essentielle pour comprendre, essentielle pour se dé-construire pour se
construire, essentielle pour se lier avec l’autre qui n’est qu’une partie de
nous-même, la partie essentielle le plus souvent, la partie cachée qui garde
les secrets que le monde imaginaire qui nous entoure ne pourrait supporter.
Si vous avez chez vous un miroir, n’hésitez pas à le consulter et à lui
poser chaque jour la question fatidique : « Miroir, ô mon miroir,
suis-je ? Suis-je ton reflet ou le mien que tu provoques ? Et si je
suis, pourquoi suis-je là et ici. Moi, est-ce être lui et moi ? Moi, suis-je
deux comme tout ce qui se meut dans Twin Peaks, ce code psychanalytique ?
Miroir parle-moi… où parle à lui ! » C’est ce long silence qui va permettre,
après un temps si long qu’il semblera ne pas venir, la révélation. La
révélation du je suis. La révélation de la pensée unique qui se multipliera et
embrassera le monde comme tout être à la possibilité de la faire.
Notre non-vie dans ce non-monde, cache à tout jamais la réalité des vraies
valeurs, la réalité du vrai bonheur. Nous ne sommes pas prêts parce que nous
ignorons l’utile et vénérons l’inutile.
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