Le directeur de la prison vient de me le signifier. Je reste en prison jusqu’au 15 avril. Je n’ai rien fait et je suis privé de liberté. Le directeur m’a dit que s’il me gardait sous les verrous c’est parce que j’étais bien capable de vouloir injecter aux autres un poison mortel dans le sang. Il ne pas dit qui était les autres et je ne comprends pourquoi il dit ça parce qu’il n’est pas moi et qu’il ne sait pas ce que je pense et qu’il ne sait pas non plus si j’ai l’habitude d’injecter du poison mortel – les poisons sont-ils tous mortels ? -. Le directeur ne sais pas non plus – le directeur ne sait pas grand-chose – que les autres ne sont pas et qu’ils ne sont que le fruit de ma pensée qui s’aide de mon imagination. Les autres ne sont que la projection que je m’invente. Pour preuve irréfutable : si je meurs les autres n’existent plus. Moi-même suis-je moi ? Dans mon miroir je me vois donc je suis. Mais mon miroir – comme tous les miroirs - déforme les images. Donc quand je me regarde ce n’est pas tout à fait moi. Mieux, ce n’est peut-être pas moi. C’est pour ça que je ne comprends pas pourquoi on me prive de ma liberté qui est mon seul bien pour des choses qui n’existent pas. La difficulté de cette vie qui ne sert absolument à rien, c’est qu’il faut passer son temps à faire croire que les choses sont, alors qu’on sait très bien qu’elles ne sont pas. Et moi, maintenant, au deuxième cinquième du XXIe siècle, je suis fatigué. Tout cet inutile temps passé depuis le Roméo-Sapien m’a beaucoup éprouvé et je ne demande qu’une chose, partir et retourner à la maison.
PS : En fait c’est de l’enfumage ou de l’enculade, à votre choix. Je sais que je vais rester en prison jusque au moins le 1e septembre. Et pourtant je n’y resterai pas. J’ai déjà noué mes draps…
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