lundi 13 janvier 2020

le puits au fond du jardin • je ne peux comprendre…




Je ne comprendrai décidément jamais pourquoi cela fait 75 ans que j’ai été jeté comme un malpropre sur cette terre par un femme qui a été comme toutes les mères, inconsciente de son geste et incapable d’assurer le service après-vente. Oui, cela fait 75 ans que je vis dans ce monde où l’inconscience règne en maître absolu et où le mensonge et le dénie remportent tous les suffrages au même titre que les Dieux illusionnistes et les Rois sadiques et dévastateurs et j’y ajouterai l’Or et le Sexe et, aujourd’hui, la domination de la femme sournoise et perverse. Et on affirme que le monde d’aujourd’hui est en progrès sur le monde d’avant, alors que personne ne sait ce qu’il y avait avant et que personne ne sait ce qu’il y aura après et que personne ne sait ce qu’il y a aujourd’hui. Ce que je vois, moi, ce sont des minuscules tas de chairs avec des pattes en haut et en bas qui ânonnent des idées toutes faites achetées aux brocantes des dimanches après-midi, des ectoplasmes peu ragoutants qui écoutent et regardent des images dans des écrans qui les détruisent à petits feux et qui les font jouir tout en les désintégrant. La pensée a été, depuis longtemps, laissée sur le bas-côté et s’est éteinte sous le poids des ans. Qui donc pense aujourd’hui ? Qui donc a un avis qui n’est pas le copier-coller de celui d’un autre ? Qui est capable d’être un être penseur et observateur qui se tient debout et qui est fier d’être debout pour lui-même et rien que lui-même. Qui est capable de comprendre que l’autre n’est rien, ne sert à rien, et que sa promiscuité ne peut-être qu’un nuage à toute réflexion ? Si l’on observe la relation entre l’homme et la femme qui a toujours été une relation de convenance, fausse, idiote, masochiste et sadique – l’un ne va pas sans l’autre – et que la famille, la religion et la politique n’existent que pour servir et satisfaire les puissants, on peut se demander à quoi sert le monde et pourquoi on fait tout pour le laisser perdurer dans la souffrance de ceux qui l’habitent et qui croient que vivre ce ne peut être que cette misère officialisée. Au début, Cooper entre seul dans Twin Peaks. A la fin il s’enfoncera seul dans le monde du souvenir et de l’illusion. Il n’aura même pas réussi à ramener Laura à la maison. Alors, à quoi bon ? Sans la pensée en action comment pourrions-nous construire un monde où il ferait bon de vivre ? Ce n’est pas morts avec les morts que nous y parviendrons.    

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