Aujourd’hui, il y a cinquante ans jour
pour jour, à 9h du matin, je prenais mes fonctions de directeur de
conservatoire de musique à Aix-les-Bains. J’avais 25 ans et j’ignorais que je
garderais ce poste durant 35 ans, jusqu’à ma retraite. Ce lundi 1e
septembre 1969, j’ai trouvé un bureau avec une table, une chaise et un
téléphone. C’est tout. Pas un document pouvant m’indiquer s’il y avait des
élèves et des professeurs. Au bout d’une semaine, le secrétaire général de la
ville – bien qu’au placard – a réussi à me dénicher une liste de 1 élève (en
chorale) et 5 ou 6 professeurs dont pas un de travaillait plus de 5 ou 6 heures
pas semaine. Mon seul réconfort à été l’apéritif
de midi chez le Docteur Philippe Deslous-Paoli, adjoint à la Culture qui m’avait
demandé de passer chez lui chaque jour pour papoter autour de mes prétentions
pour l’établissement. Je ne le remercierais jamais assez – bien qu’il soit mort
deux ans plus tard -, car c’est grâce à lui et a lui seul, alors qu’il était en
dissidence avec le maire, qu’en cédant à l’essentiel de mes exigences pour
reconstruire une maison à l’agonie depuis plusieurs années, j’ai réussi à
travailler. Cinq ou six ans plus tard le conservatoire avait autour de 900
élèves et 22 professeurs TOUS titulaires et à plein temps. Cette réussite dont
je suis fier, m’a valu beaucoup d’ennuis. J’ai dû faire un procès au maire –
que j’ai gagné – et passé mes journées en joutes terrifiantes contre se gros
con et son administration. Il s’appelait Grosjean. Il est resté maire une
éternité et grâce à ses tricheries dans sa profession – fabricant de fromages –
il a dû céder sa place à son adjoint à la culture Gratien Ferrari, le
successeur du Docteur Deslou-Paoli, le père de Laurence Ferrari, épouse de
Renaud Capuçon, célèbre par ses interventions journalistiques, à la tété, tout
simplement ignobles. D’excellent adjoint à la Culture, il est devenu un
pitoyable maire plus préoccupé pas sa position politique que par l’art et le
savoir. Puis plus tard, j’ai dû subir un
troisième crétin, Dominique Dord, ami de Sarkozy, impliqué dans l’affaire
Bygmalion et jamais inquiété. Aujourd’hui le conservatoire est à l’abandon. Il
fonctionne grâce à ma secrétaire qui est toujours en poste. Si le professeur
est consciencieux ça se passe bien. Si non, comme il n’y a plus de patrons,
c’est la débandade. Mon 1e successeur s’est fait viré – il est passé
au grade de professeur avec la paie de directeur -. Mon 2e
successeur a compris tout de suite à qui il avait à faire. Il est parti à la
fin de l’année scolaire. Et depuis, c’est de directeur de l’école de musique de
variété qui vient faire un tour chaque semaine. Il demande – je ne sais pas à
qui – comment ça se passe. Je ne sais pas qui lui répond que tout se passe
bien. Il se précipite au bureau du maire et dit qu’au conservatoire, c’est le
top niveau. Tout le monde est content.
Le maire parce qu’il n’a plus d’emmerdement avec le directeur et le
pseudo-directeur qui a une belle rallonge en fin de mois. Voilà. C’est
pourquoi, aujourd’hui, je me demande pourquoi je n’ai pas fait autre chose de
ma vie. J’aurais pu vendre des frites sur le marché, écouler de la drogue,
mettre des donzelles sur le trottoir. Non... j’ai été directeur ! Putain
de merde !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire