dimanche 1 septembre 2019

le puits au fond du jardin • j’ai été directeur... putain !



Aujourd’hui, il y a cinquante ans jour pour jour, à 9h du matin, je prenais mes fonctions de directeur de conservatoire de musique à Aix-les-Bains. J’avais 25 ans et j’ignorais que je garderais ce poste durant 35 ans, jusqu’à ma retraite. Ce lundi 1e septembre 1969, j’ai trouvé un bureau avec une table, une chaise et un téléphone. C’est tout. Pas un document pouvant m’indiquer s’il y avait des élèves et des professeurs. Au bout d’une semaine, le secrétaire général de la ville – bien qu’au placard – a réussi à me dénicher une liste de 1 élève (en chorale) et 5 ou 6 professeurs dont pas un de travaillait plus de 5 ou 6 heures pas semaine.  Mon seul réconfort à été l’apéritif de midi chez le Docteur Philippe Deslous-Paoli, adjoint à la Culture qui m’avait demandé de passer chez lui chaque jour pour papoter autour de mes prétentions pour l’établissement. Je ne le remercierais jamais assez – bien qu’il soit mort deux ans plus tard -, car c’est grâce à lui et a lui seul, alors qu’il était en dissidence avec le maire, qu’en cédant à l’essentiel de mes exigences pour reconstruire une maison à l’agonie depuis plusieurs années, j’ai réussi à travailler. Cinq ou six ans plus tard le conservatoire avait autour de 900 élèves et 22 professeurs TOUS titulaires et à plein temps. Cette réussite dont je suis fier, m’a valu beaucoup d’ennuis. J’ai dû faire un procès au maire – que j’ai gagné – et passé mes journées en joutes terrifiantes contre se gros con et son administration. Il s’appelait Grosjean. Il est resté maire une éternité et grâce à ses tricheries dans sa profession – fabricant de fromages – il a dû céder sa place à son adjoint à la culture Gratien Ferrari, le successeur du Docteur Deslou-Paoli, le père de Laurence Ferrari, épouse de Renaud Capuçon, célèbre par ses interventions journalistiques, à la tété, tout simplement ignobles. D’excellent adjoint à la Culture, il est devenu un pitoyable maire plus préoccupé pas sa position politique que par l’art et le savoir.  Puis plus tard, j’ai dû subir un troisième crétin, Dominique Dord, ami de Sarkozy, impliqué dans l’affaire Bygmalion et jamais inquiété. Aujourd’hui le conservatoire est à l’abandon. Il fonctionne grâce à ma secrétaire qui est toujours en poste. Si le professeur est consciencieux ça se passe bien. Si non, comme il n’y a plus de patrons, c’est la débandade. Mon 1e successeur s’est fait viré – il est passé au grade de professeur avec la paie de directeur -. Mon 2e successeur a compris tout de suite à qui il avait à faire. Il est parti à la fin de l’année scolaire. Et depuis, c’est de directeur de l’école de musique de variété qui vient faire un tour chaque semaine. Il demande – je ne sais pas à qui – comment ça se passe. Je ne sais pas qui lui répond que tout se passe bien. Il se précipite au bureau du maire et dit qu’au conservatoire, c’est le top niveau. Tout le monde est content.  Le maire parce qu’il n’a plus d’emmerdement avec le directeur et le pseudo-directeur qui a une belle rallonge en fin de mois. Voilà. C’est pourquoi, aujourd’hui, je me demande pourquoi je n’ai pas fait autre chose de ma vie. J’aurais pu vendre des frites sur le marché, écouler de la drogue, mettre des donzelles sur le trottoir. Non... j’ai été directeur ! Putain de merde !   

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