Vu à travers le tube ou vu de
ma fenêtre, il n’y a plus que le vert touffus des feuilles qui s’agitent sous
la brise des vents et qui laisse passer quelques tâches disparates du bleu
écumé de moutons dociles, informes et stériles qui dés-identifie l’image
immuable des saisons enterrées. Hier, j’ai ouvert la porte qui donne sur la rue
et quand elle s’est refermée, je n’étais plus. Je ne suis pas. Je ne sais pas
où je suis. Suis-je dans un rêve ou suis-je le rêve qui se dissipera en me
faisant disparaître comme le magicien traverse le temps en l’occultant pour le
faire revivre dans le futur ou le passé ? Pendant ce passage improbable,
les hommes poursuivent leur tour de piste qui les ramène inévitablement d'où ils
sont partis en croyant bouleverser le monde de leur non-savoir et de leurs
inventions puériles. Depuis que je ne suis plus ou pas, pas une fourmi, pas un
oiseau, pas une limace. Seuls deux ou trois ectoplasmes croisés dans un sentier
sans fin. Tout est neutre, uniforme, convenu, copier-coller. Pas le moindre
signe de vie. C’est comme si jamais je n’avais ouvert ma porte.
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