lundi 17 juin 2019

le puits au fond du jardin • de l’autre côté...




Vu à travers le tube ou vu de ma fenêtre, il n’y a plus que le vert touffus des feuilles qui s’agitent sous la brise des vents et qui laisse passer quelques tâches disparates du bleu écumé de moutons dociles, informes et stériles qui dés-identifie l’image immuable des saisons enterrées. Hier, j’ai ouvert la porte qui donne sur la rue et quand elle s’est refermée, je n’étais plus. Je ne suis pas. Je ne sais pas où je suis. Suis-je dans un rêve ou suis-je le rêve qui se dissipera en me faisant disparaître comme le magicien traverse le temps en l’occultant pour le faire revivre dans le futur ou le passé ? Pendant ce passage improbable, les hommes poursuivent leur tour de piste qui les ramène inévitablement d'où ils sont partis en croyant bouleverser le monde de leur non-savoir et de leurs inventions puériles. Depuis que je ne suis plus ou pas, pas une fourmi, pas un oiseau, pas une limace. Seuls deux ou trois ectoplasmes croisés dans un sentier sans fin. Tout est neutre, uniforme, convenu, copier-coller. Pas le moindre signe de vie. C’est comme si jamais je n’avais ouvert ma porte. 

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