Ses
gémissements m’ont réveillé cette nuit. J’ai ouvert le congélateur et je l’ai
vu pâle, tremblant et le ventre gonflé. Il a crié « Je meurs ! »
comme Valentin crie « Je meurs ! » à l’opéra, quand il apprend
que sa sœur l’a trompé avec un goujat ensorcelé. Je l’ai pris dans mes bras et
couru aux urgences où je suis tombé sur une queue plus longue que le
périphérique. Une femme en blanc m’a dit : « Revenez jeudi pour
un diagnostique ! ». A l’instant – 8h17 – il m’aide encore à écrire,
mais demain ? Je me suis renseigné. S’il ne meurt pas avant,
l’hospitalisation pour une opération d’envergure devraient durer un minimum
d’au moins trois semaines. C’est pourquoi je vais disparaître de l’écran, de
votre vie et de la mienne. En attendant son retour ou - en cas de décès - de
l’arrivée d’un de ses confrères – j’en ai vu des bleus, des rouges, des verts,
au supermarché et moins chers qu’un porte-clés Vitton – je vais voir ce que je
peux faire avec mon smartphone. Mais ce n’est pas pareil. Ce ne sont ni mes
mêmes gammes, ni les mêmes tonalités, ni le même phrasé. Aussi, si vous restez
dix minutes sans me voir apparaître, c’est que j’aurai perdu mon seul compagnon,
mon compagnon de guerre. Mon seul espoir - provisoire -, c’est ma fenêtre. Du 18e,
il ne devrait pas rester grand chose de ma vieille enveloppe fripée !
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