mercredi 26 juin 2019

le puits au fond du jardin • au chevet du mourant...




Ses gémissements m’ont réveillé cette nuit. J’ai ouvert le congélateur et je l’ai vu pâle, tremblant et le ventre gonflé. Il a crié « Je meurs ! » comme Valentin crie « Je meurs ! » à l’opéra, quand il apprend que sa sœur l’a trompé avec un goujat ensorcelé. Je l’ai pris dans mes bras et couru aux urgences où je suis tombé sur une queue plus longue que le périphérique. Une femme en blanc m’a dit : « Revenez jeudi pour un diagnostique ! ». A l’instant – 8h17 – il m’aide encore à écrire, mais demain ? Je me suis renseigné. S’il ne meurt pas avant, l’hospitalisation pour une opération d’envergure devraient durer un minimum d’au moins trois semaines. C’est pourquoi je vais disparaître de l’écran, de votre vie et de la mienne. En attendant son retour ou - en cas de décès - de l’arrivée d’un de ses confrères – j’en ai vu des bleus, des rouges, des verts, au supermarché et moins chers qu’un porte-clés Vitton – je vais voir ce que je peux faire avec mon smartphone. Mais ce n’est pas pareil. Ce ne sont ni mes mêmes gammes, ni les mêmes tonalités, ni le même phrasé. Aussi, si vous restez dix minutes sans me voir apparaître, c’est que j’aurai perdu mon seul compagnon, mon compagnon de guerre. Mon seul espoir - provisoire -, c’est ma fenêtre. Du 18e, il ne devrait pas rester grand chose de ma vieille enveloppe fripée !    

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