Après la réponse blabla du Roi, retour
aux Champs Elysées ce samedi. C’est une excellente chose. Et puis, la casse, ce
n’est que chez les riches. Donc, ce n’est pas grave. Je n’aurai jamais vu de
toute ma vie – 75 ans bientôt et c’est trop -, une telle saloperie sur le trône
de France. Le dernier en date a dû être Napoléon. Et devant toutes ces
ignominies, je ne peux m’empêcher de penser. Penser, c’est la seule chose qu’il
reste à l’homme d’aujourd’hui, parce que penser permet de vivre dans un autre
monde, une monde à soi, un monde de liberté, un monde où personne ne peut
pénétrer et où personne ne peut me faire chier. Et je pense à longueur de
journée. Une femme m’a expulsé de la chambre rouge où j’étais si bien, sans me
demander mon avis. Elle m’a propulsé dans un monde de monstres où soit on
assassine, soit on se fait assassiner. Et si elle n’était pas morte depuis
cinquante ans ou plus, je la laisserai crever sur un tas d’ordure. Le jour de
l’expulsion, j’ai perdu – elle m’a pris – ma liberté. Ensuite, j’ai dû vivre
avec des parents qui décidaient pour moi – même si ceux-là étaient plutôt
inconscients et absents -, j’ai dû aller à l’école où encore on décidait pour
moi, puis au conservatoire où toujours on décidait pour moi, puis je me suis
marié – la honte de ma vie – et j’ai eu des enfants – l’autre honte de ma vie –
où la femme décidait pour moi parce que je n’ai pas eu le courage de la
frapper, de la torturer et de l’exécuter. J’ai eu un boulot où j’étais le
patron mais avec trois salopards consécutifs d’élus, au-dessus – un enfer
infernal – où ma liberté fut entachée pendant trente-cinq ans. Et depuis que je
suis à la retraite – 14 années – je pourrais être libre si les français ne m’avaient
pas coupé l’herbe sous le pied en nommant des Rois qui volent mon argent et qui
m’obligent à dépenser quand je vais à l’opéra qui devrait être à proximité de
chez moi et gratuit. Je vais mourir et jamais je n’aurais été libre. Mais, tout
de même, je me réjouis. En quittant cette terre, je vais enfin être libre, être
libre pour l’éternité.
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