vendredi 14 septembre 2018

le puits au fond du jardin • l’opéra et son inévitable terrifiante critique !


Elina Garanca dans Carmen de Georges Bizet
au Royal Opera House de Covent Garden à Londres
© Getty / Robbie Jack


Si vous aimez l’opéra, que vous vous y rendiez régulièrement ou pas, peut-être avez-vous envi de savoir comment c’est passé la dernière représentation de « Carmen » de Georges Bizet, si la dame qui chantait Carmen avait une belle voix, avait une belle allure, avaient de gros seins – ils sont important dans cet opéra -, si elle les montrait bien et si elle aguichait les hommes naturellement – on dirait harcèlement aujourd’hui –, bref si elle jouait bien son rôle de pute. Peut-être avez-vous envi de savoir si la deuxième dame – celle qui chantait Micaéla était suffisamment mignonne, naïve, maladroite et surtout, si elle avait tout donné pour son superbe air du III. Peut-être avez-vous envi de savoir si le monsieur – un ténor (aie !) – qui chante Don José était toujours aussi con, aussi crétin, aussi primitif, aussi psychopathe et s’il avait assuré la note qui achève sa déclaration-soumission hallucinante à la dame de petite vertu, au moment où il dit : « Carmen, je t’ai-ai-me. » sur un point d’orgue en diminuendo. Peut-être avez-vous envi de savoir si le deuxième monsieur qui chante Escamillo avait un beau costume de toréro et s’il a réussi à chanter l’air le plus difficile de l’histoire de l’opéra « Votre toast… » que jamais je n’ai entendu comme le veut la partition de Bizet. Peut-être auriez-vous aimé savoir si, à la fin, Don José a poignardé Carmen, ou si selon les nouvelles lois dictées par #blancetonporc, c’est elle qui lui a coupé les couilles, puisqu’on n’a plus le droit désormais de tuer un femme, même sur une scène d’opéra, ce qui, pour cet œuvre en tous les cas, était fort réjouissant. Enfin, peut-être auriez-vous aimé savoir si les petits rôles, les chœurs et les figurants, étaient à la hauteur, ainsi que l’éventuelle mise en scène.

Mais, en j’en viens où je veux en venir, auriez-vous aimé savoir si le chef d’orchestre, a bien lu la partition, en a fait ressortir les richesses, a propulsé dans la salle l’émotion que procure cette fabuleuse musique, et ne s’est pas planté en indiquent à Micaéla le départ du trombone à la 76e mesure du II. Dans une représentation d’opéra, il n’y a qu’une personne aux manettes : le chef d’orchestre. C’est lui qui restitue – bien ou mal – la volonté et l’esprit du compositeur, c’est lui qui nous conte l’histoire mise en musique et c’est lui qui est le responsable de la cohésion totale de l’ouvrage. Sans lui, rien. On peut baisser le rideau, ce qui n’est pas le cas des chanteurs qui peuvent toujours se faire remplacer en dernière minute – le héros, le plus grand de tous les ténors du monde, le séducteur des vieilles dames, l’illustre doublure de Mariano, s’est déjà fais remplace 45 786 fois, ce qui est une énorme chance pour le public ! -.

Et je continue d’en venir où je veux en venir. Lorsque vous lisez une critique d’opéra, dans une revue spécialisée papier ou en ligne, dans une feuille de chou, ou dans un papier relatant avant tout les accidents et les meurtres, sur 100 lignes, 70 sont consacrés au metteur en scène, 20 aux artistes chanteurs, 9 aux chœurs et figurants, et 1 au maître d’œuvre, au chef d’orchestre, celui à qui l'on doit TOUT.

Alors pour connaître la vérité sur l’interprétation de votre opéra préféré, vous n’avez pas le choix, il faut aller dans la salle. Et si vous n’avez pas les moyens de payer, passez par les égouts  ou par la salle à ordures et faufilez-vous parmi la foule. Il y aura toujours une place…

Et surtout – j’allais oublier – évitez si vous ne voulez pas mourir ignare et rempli de préjugés, évitez forumopera.com, le site des amis des amis qui font copain-copain.
   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire